Les surfaces réfléchissantes sont devenues la marque de fabrique de la sculpture d'Anish Kapoor. L'une de ses œuvres publiques les plus emblématiques, Cloud Gate, à Chicago, est une célébration de la surface et de la forme réfléchissantes, qui renvoient l'environnement et ses occupants.

L'utilisation de l'immersivité par Kapoor relie tous ses thèmes. Des installations à grande échelle aux pièces plus intimes, Kapoor cherche à submerger le spectateur dans un monde de lumière et de couleur. Ce faisant, Kapoor pousse le spectateur à réfléchir à sa propre place - dans la société, dans ses relations personnelles, dans le grand cosmos. L'œuvre n'existe pas sans cette interaction entre l'objet et le spectateur.

Les miroirs ont une longue et puissante histoire en tant que symbole. Pensez à Persée utilisant son bouclier comme un miroir contre Méduse, au miroir donné à Jia Rui et à l'interaction de Mamie Liu avec le grand miroir dans Rêve de la chambre rouge/Histoire de la pierre, ou encore à Alice travers le miroir. Les miroirs ne sont pas de simples outils, mais sont imprégnés de symboles - avertissements du plaisir charnel, totems de la modernité, protecteurs ou dispositifs destinés à bouleverser nos propres perceptions du monde. La série de miroirs de Kapoor s'inscrit dans cette tradition, ouvrant des portes sur de nouvelles perspectives en nous-mêmes et au-delà, dans le monde naturel.

Dans cette pièce, Kapoor s'oppose au narcissisme inhérent aux miroirs - le désir de se regarder soi-même. Les plis sont plus qu'un choix esthétique. Les plis obscurcissent le spectateur de sorte qu'il voit tout sauf lui-même. Et même dans ce cas, le monde qui entoure le spectateur devient fracturé et éclaté. Il faut se concentrer pour donner un sens au reflet de l'environnement. Comme Alice au pays des merveilles, le monde est sens dessus dessous, et comme Mamie Liu, nous sommes confrontés à cet objet familier. Les miroirs de Kapoor ne sont jamais simples. Qu'ils soient concaves ou inclinés, cette distorsion élargit nos observations visuelles pour nous donner un aperçu intérieur de nous-mêmes et du monde.

Cette sculpture a été réalisée la même année que le triomphal Sky Cloud de Kapoor à New York. Cate McQuaid, critique d'art pour le Boston Globe, note que Halo "attire les spectateurs comme des mouches", et que "vous pouvez voir les autres, mais il est difficile de vous trouver vous-même". Cette manifestation physique renvoie à la difficulté, plus figurative, de regarder en soi, de se connaître.