ALEXANDER CALDER : FAÇONNER UN UNIVERS PRIMAIRE
"Pourquoi l'art doit-il être statique ? -Alexander Calder
Heather James offre un regard rare sur l'art joyeux et historique d'Alexander Calder. L'exposition explore trois aspects différents de l'œuvre de Calder - ses sculptures révolutionnaires, ses peintures à l'huile vibrantes et ses gouaches dynamiques sur papier. Peu d'expositions ont couvert ces trois modalités. Notre exposition se penchera sur les liens unificateurs qui unissent ces médiums disparates - la recherche du dynamisme à travers les formes et les couleurs primaires - créant ainsi son propre univers unique qui parle à tout le monde.
ŒUVRE D'ART
Alexander Calder : Façonner un univers primaire
"Tout comme on peut composer des couleurs ou des formes, on peut composer des mouvements. -Alexander Calder
LES SCULPTURES
L'exposition s'ouvre sur les sculptures de Calder. Calder a commencé à expérimenter la sculpture en traduisant l'idée de dessins au trait en sculptures en fil de fer, créant ainsi des "dessins" tridimensionnels. En 1931, il met au point ses sculptures cinétiques révolutionnaires, que Marcel Duchamp a appelées "mobiles". Plutôt que d'utiliser des éléments mécaniques, ces sculptures cinétiques s'appuient sur les courants d'air pour créer le mouvement. Loin d'être des objets statiques, ces mobiles changent continuellement de forme, remettant en question notre perception de l'espace et du temps, ainsi que la relation entre la forme et la couleur.
Cantilever est une sculpture intime où l'on retrouve nombre des caractéristiques de Calder : des couleurs primaires, du noir et du blanc et des formes organiques simples. Comme le suggère le titre, ce mobile sur pied teste les limites de l'équilibre, tant physique que visuel, qui caractérise les mobiles de Calder. L'horizontalité de la sculpture, les couleurs vives et les formes organiques évoquent la joie et la fantaisie que de nombreuses personnes ressentent en regardant les œuvres de Calder.
Prelude to the Man-Eater est une étude pour une sculpture qui fait maintenant partie de la collection permanente du Museum of Modern Art de New York. Ce mobile sur pied, Man-Eater with Pennants, a été commandé par Alfred Barr, le premier directeur du MoMA. Dans les deux cas, les différents éléments métalliques se déplacent autour d'un poteau central. Les maquettes et les études jouaient un rôle essentiel dans la pratique de Calder, car elles lui permettaient de comprendre l'échelle et l'équilibre avant d'agrandir la pièce. Souvent, ces maquettes ont existé dans le plus petit format pendant des décennies avant d'être agrandies ou ont simplement existé à leur taille sans jamais être transformées en œuvres plus grandes. Dans Prelude, on peut voir Calder penser plus verticalement que dans l'œuvre finale du MoMA.
Les trois décennies qui séparent ces deux mobiles sur pied montrent que si de nombreux éléments sont restés constants dans l'œuvre de Calder, l'artiste a constamment expérimenté la manière de créer des œuvres visuellement dynamiques et équilibrées, que ce soit au niveau des formes métalliques, de la couleur ou de la verticalité par rapport à l'horizontalité.
Heather James est également fière de présenter une rare sculpture figurative en bois de Calder. Datant de 1928, la sculpture représente une femme avec un parapluie. Bien que connu pour son art abstrait, Calder n'a jamais complètement abandonné la figuration, trouvant un moyen de mélanger les deux ou de rebondir entre les deux tout au long de sa carrière.
LES PEINTURES
Dans les années 1940 et 1950, Calder était devenu un sculpteur si populaire qu'il a largement délaissé la peinture, se concentrant sur la création du vocabulaire sculptural cinétique que nous lui connaissons. Néanmoins, il n'a jamais complètement abandonné la peinture. L'exposition présente une rare peinture à l'huile des années 1940.
Dans cette première peinture, on peut voir Calder travailler sur certaines formes qui reviendront tout au long de sa carrière, à la fois sous forme de sculpture et sur une surface plane. Des cercles, des ovales et d'autres géométries dominent l'espace. On retrouve le même sentiment d'énergie et de fluidité. Si l'on compare la peinture aux sculptures, on retrouve certains motifs - les arcs de rouge et de noir, les jaunes éclatants. Néanmoins, nous pouvons également constater des différences telles que le noir serpentin ou la croix curviligne, qui ne sont pas aussi répandus dans les sculptures les plus célèbres de Calder. Au lieu de cela, nous voyons l'artiste pousser les formes à transmettre le mouvement et le cinétisme.
LES GOUACHES
L'huile n'est pas le seul médium utilisé par Calder pour peindre. Calder préférait souvent la gouache pour ses œuvres peintes. Nous pouvons considérer la gouache comme une aquarelle opaque, car elle contient un pigment blanc. L'aquarelle et la gouache permettent toutes deux à l'artiste de peindre rapidement et avec fluidité, mais elles sont aussi extrêmement impitoyables car elles sèchent rapidement et sont difficiles à retravailler. Calder appréciait la gouache précisément pour ces raisons : elle séchait rapidement comme une aquarelle, mais offrait les couleurs audacieuses qu'il recherchait.
Vers la fin de sa vie, Calder revient sérieusement au processus plus intime et moins physique de la peinture à la gouache. Fort de son expérience de sculpteur, Calder commence à transcrire son vocabulaire tridimensionnel sur du papier bidimensionnel. Les gouaches sont devenues un moyen pour Calder d'explorer la couleur et la ligne, trouvant souvent l'intersection de l'abstraction et de la figuration, créant un art qui n'aurait pas été possible dans un espace tridimensionnel.
Bien qu'aucune exposition ne puisse rendre compte de toute une vie de travail, cette exposition donne une image plus complète du vocabulaire unique que Calder a employé pour explorer les mêmes thèmes de la couleur, du mouvement et des recherches spatiales à partir de différentes perspectives. Pour voir Calder dans d'autres contextes, visitez nos autres expositions, notamment Premier cercle : Les cercles dans l'art et Papier découpé : Œuvres uniques sur papier.
"Toute ma théorie sur l'art est la disparité qui existe entre la forme, les masses et le mouvement. -Alexander Calder