Lorsque les organisateurs de l'exposition d'art et d'artisanat de Dresde de 1906 ont jugé choquant le tableau de plafond de Max Pechstein, ils ont atténué sa palette de couleurs non conventionnelles en appliquant de la peinture grise sur sa surface. Cette audacieuse effronterie a incité Erich Heckel et son acolyte de Die Brücke, Ernst Ludwick Kirchner, à inviter Pechstein à se joindre à leur petite coterie inspirée par les écrits de Nietzsche et les cultures primitives et désireuse de travailler avec des couleurs débridées et des distorsions formelles. L'idée était d'échapper aux structures sociales répressives de la société moderne et de revenir à un mode d'existence plus authentique et libéré, tant sur le plan de la vie que de la création artistique. Pechstein s'est joint à eux et leur percée collective a eu lieu en septembre 1910 lors de la prestigieuse exposition de la Galerie Ernst Arnold à Dresde, lorsque ses quatre principaux membres - Heckel, Kirchner, Pechstein et Schmidt-Rottluff - se sont vu attribuer un espace mural égal. Pourtant, c'est Pechstein qui s'est avéré être le principal promoteur du groupe et le premier des expressionnistes à obtenir succès et reconnaissance. Pour preuve, une monographie sur Pechstein a été publiée en 1916, il a reçu plusieurs commandes privées et a trouvé la faveur de l'un des critiques les plus influents de l'époque, qui a écrit que l'artiste était "l'exemple le plus pur et le représentant le plus fort du vaste mouvement expressionniste". (Paul Fechter, der Expressionismus, R. Piper & Co., Verlag, München, 1914, p. 27).